les principes généreux. Elle voyait dans l’art d’écrire l’heureux moyen de mettre en circulation les pensées utiles ; et quand les partis se heurtaient, quand la ja¬ lousie divisait les hommes de talent, elle les invitait à se disputer la palme, mais à ne point la briser. Elle pensait que la littérature n’est qu’une grande école de morale, et que l’écrivain dont la licence outrage la vérité, n’est qu’une espèce d’amphitryon qui verse le poison dans les mets délicieux offerts à ses convives.
Dans son épître sur les dissensions des gens de lettres, la malédiction que sa verve énergique lance contre le méchant, excita un vif enthousiasme dans l’auditoire des lycées, où sa voix prêtait tant de force à cette ré¬ flexion :
L’esprit n’est pas en nous tout ce que Ton souhaite ;
II faut être honnête homme avant d’être poëte.
Qu’importe le talent, s’il cache un cœur pâté?
Qu’importe un nom connu, s’il devient détesté?
L’art de blesser n’est pas un art si difficile*
N’est-on pas tous les jours piqué par un reptile?
Qui veut toujours frapper doit atteindre souvent :
La haine a ses hasards ainsi que le talent.
En 1799, elle St représenter au Théâtre-Français un
drame sous le titre OU Amitié et imprudence . Le principal
personnage, animé d’un sentiment offert pour la pre¬
mière fois sur la scène, étonna par sa hardiesse et la
nouveauté. On ne tente guère impunément de sortir de
la routine ; mais plus sévère envers elle-même que le
public, elle jugea à propos de retirer sa pièce, qui ne
répondit point à l’effet qu’elle en attendait.
L’année suivante, elle composa deux épîtres à Sophie, ou avis à une jeune personne qui veut se marier . Ces pièces, qu’elle lut avec son succès accoutumé au Lycée, forme la première partie d’un ouvrage que l’auteur continue