LA Psse DE SALM-DYCK
(Constance-Marie)
>ÉF, \ NANTES, LE 7 NOVEMBRE J767.
Les chocs révolutionnaires nous font vivre beaucoup
en peu d’années ; ils usent rapidement les sensations di¬
verses que la nature semble mettre en réserve dans le
cœur humain, afin de lui ménager des jouissances pro¬
gressives. Tous les secrets de la vie dévoilés à la fois la
désenchantent, et cette fatale expérience détruit jus¬
qu’aux illusions de l’avenir. Aussi, après avoir subi de
terribles réalités, sommes-nous devenus presque insen¬
sibles aux douces fictions des arts. À cette cause d’indif¬
férence pour leur culte, il faut ajouter la difficulté de
trouver quelque terre, vierge encore, dans un champ
tourmenté par une culture de plusieurs siècles. La for¬
tune a souri aux premiers qui ont ouvert le sillon ; il ne
reste aux autres qu’à glaner péniblement sur un sol ap¬
pauvri ; mais la nature est immense, et c’est pour la par¬
courir que le génie a reçu des ailes. Honneur donc aux
jeunes talents qui, dévorés du noble désir d’ajouter de
la gloire à la gloire de nos pères, s’élancent loin des
sentiers battus, et cherchent à travers les périls des