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Il semble en effet qu’on rougisse de devoir sa fortune, sa liberté, sa vie à un être faible et qui ne fut créé que pour aimer. Cette insatiable fierté d’homme est pour ainsi dire humiliée des secours prodigués par une mère, une épouse, une amie ; on en profite, mais il en coûte de les avouer ; souvent, hélas ! on les oublie. Car, ainsi que nous le dit un illustre moraliste : « Qui vieillit le plus en ce monde ? Un bienfait. »

Mme de Brécy en effet ne tarda pas à s’apercevoir que si la chaleur d’âme embellit la vie, souvent aussi elle fait payer cher ses faveurs. Ses nombreux écrits, quoique sous le voile de l’anonyme, lui attirèrent des persécutions, la jetèrent dans l’exil, sur une mer orageuse, et l’exposèrent à de fréquents naufrages, dont elle ne se sauva que par sa constance, son admirable résignation et sa présence d’esprit. Personne peut-être ne combattit le malheur avec plus d’énergie ; et, tandis que les personnes qui la blâmaient alors jouissaient des délices de l’opulence, la courageuse proscrite cherchait une chaumière où elle pût obtenir un asile ignoré, le pain du pauvre et le plus obscur grabat pour y reposer sa tête.

Parmi les ouvrages qui causèrent son honorable proscription on remarque le Malheur des circonstances, dont pas un exemplaire ne reste dans la librairie. Parut ensuite l’Origine de la chouannerie, ou Mémoires de Stéphanie de Bressan, en 2 vol. in-12. C’était un tableau frappant des guerres civiles de l’ouest de la France ; c’était le premier cri qui se faisait entendre en faveur de cette contrée si malheureuse, dont la fidélité sans doute fut poussée jusqu’à l’enthousiasme, mais dont les vieilles traditions de famille auraient peut-être du ne pas être punies de la dévastation, du pillage et de l’incendie. Mais détournons nos regards de ces guerres fratricides, et reportons-nous à ces temps rémunérateurs où cessèrent tant d’hor-