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Dès l’âge de cinq ans elle composait de petits contes, de petites scènes dramatiques qu’elle jouait avec ses compagnes. Ne sachant pas encore écrire, elle avait inventé des signes à l’aide desquels elle figurait ses enfantines conceptions.

À l’âge de sept ans, elle fut saisie d’une fièvre scarlatine qui mit un moment sa vie dans un pressant danger. Le docteur Gall, ami de son père, qui a été le sien jusqu’à sa mort, lui donna les soins les plus empressés. Déjà célèbre par son système phrénologique, il en faisait l’application à sa jeune malade, il observait les formes de sa tête. Frappé de sa configuration, il disait souvent : « Quel dommage si j’avais le malheur de ne pouvoir la sauver ! »

Bientôt rétablie, elle se livra avec ardeur à l’étude de l’histoire, des mathématiques, de la physique, de l’histoire naturelle, de la géographie, de la littérature, des beaux-arts, surtout de la philosophie : Aristote, Platon, Sénèque, Kant, Leibnitz, étaient ses auteurs favoris ; elle examinait et jugeait leurs pensées avec une logique judicieuse.

La lecture de l’histoire ancienne l’ayant passionnée pour les républiques de Sparte, d’Athènes et de Rome, elle composa à l’âge de treize ans une constitution pour une république imaginaire. Celte constitution avait pour base les lois de Solon et de Lycurgue. Un ami de son père, M. de Laroche, directeur général de la police en Autriche, trouva cette pièce singulière, s’en amusa beaucoup, et la garda comme production curieuse d’une enfant qu’il appelait en riant sa petite Spartiate.

C’est dans cette douce paix de l’étude et de la réflexion que s’écoulèrent l’enfance et l’adolescence de M me de Carlowitz. Mais dès les premières années de sa jeunesse elle fut assaillie par une longue suite d’infortunes. Ses parents, indignement abusés par un aventurier étran-