Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même personnalité qui se manifeste dans les crises successives.

Nous avons employé jusqu’ici le mot de crise, sans y attacher un sens bien défini. Il serait intéressant de savoir dans quelles conditions précises l’activité mentale des malades tels que F…, se manifeste. On est longtemps resté dans l’incertitude à ce sujet, et l’observation de M. Mesnet, quoique très détaillée, ne nous apprend rien ; il paraît seulement que le sergent de Bazeilles éprouve une sensation d’éblouissement et quelques autres sensations subjectives avant d’entrer dans sa crise. Les études de M. Charcot ont été entreprises principalement avec l’intention de répartir chacun de ces faits dans leurs cadres nosographiques ; l’éminent professeur s’est donc attaché à préciser les événements physiologiques dont les altérations de conscience dépendent. Nous dirons un mot très bref des conclusions auxquelles il est arrivé, car la nature exclusivement psychologique de notre étude nous oblige à passer rapidement sur les détails médicaux.

M. Charcot admet que les phénomènes, somnambuliques ou pseudo-somnambuliques de l’ordre de ceux que nous venons d’étudier font partie de la grande attaque hystérique ; ils représentent la phase intellectuelle de la grande attaque, celle qui se manifeste seulement à la suite des convulsions des membres ; c’est la période des attitudes passionnelles et la période de délire, qui, dans une attaque vulgaire, sont généralement peu développés, et qui présentent ici une exagération si considérable qu’à eux seuls ils constituent presque toute l’attaque ; on peut toutefois, en y regardant de près, constater dans les cas relativement complets, l’existence de quelques convulsions des membres ; et cet élément convulsif, si réduit, représente les phases de mouvements toniques et cloniques qui sont si importants dans les autres attaques d’hystérie.