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présenta à la consultation du mardi, à la Salpêtrière, le 21 octobre 1890, parce qu’il ressentait de nouveau les prodromes d’une crise nerveuse.

« Ces prodromes sont toujours les mêmes. Ils consistent en maux de tête, inappétence, nausées suivies quelquefois de vomissements par régurgitation, frissons, sensations de chaud et de froid. À cela s’ajoute une sorte de trouble de la mémoire, il ne se rappelle plus rien, oublie ce qu’il a fait la veille et ce qu’il doit faire le lendemain. Cette espèce de malaise général a précédé presque toutes les crises ou les séries de crises qui se sont produites depuis quelque temps.

« Lorsqu’il se présente à nous, c’est un homme de force moyenne, d’aspect pas très robuste, un peu pâle, l’air abattu et triste. Tous ses organes fonctionnent normalement. Il n’a rien au cœur ni dans les poumons.

« La moitié droite du corps est le siège d’une anesthésie absolue au contact, à la douleur et à la température. La perte du sens musculaire de ce côté n’est point absolue ; il sent qu’on remue un doigt, mais sans indiquer toujours sûrement lequel. La sensibilité profonde, musculaire et articulaire est abolie complètement.

« Il existe dans la fosse iliaque droite un point douloureux. La pression sur ce point, seulement la pression profonde, donne lieu aux phénomènes de l’aura (boule, battements dans les tempes, sifflements dans les oreilles). De plus, ainsi qu’on le verra plus loin, elle arrête aussi l’attaque. Il en existe un autre au niveau du condyle interne du fémur du côté droit également.

« Le goût est aboli sur la moitié droite de la langue, l’odorat complètement perdu pour le côté droit. L’ouïe est diminuée du même côté. En ce qui concerne la vue, on constate du côté droit un rétrécissement du champ visuel à 30°. À gauche le champ visuel est normal. De plus, achromatopsie et polyopie monoculaire.

« Le malade nous dit qu’il est hypnotisable et que dans les services hospitaliers où il a servi de sujet à diverses expériences, on l’hypnotisait à l’aide de la pression sur