à lui faire accepter un nom différent : ce nom, il faut bien le remarquer, ne s’applique point à une personnalité fictive ; il groupe des phénomènes bien réels, une vie psychologique qui a été réellement vécue. Sous le nom d’Adrienne, par exemple, le sujet de M. Pierre Janet désigne une partie de son existence présente et passée découpée dans son existence totale. C’est ici que la différence se manifeste bien entre nos expériences et celles des spirites. Le personnage subconscient du spirite porte un nom fictif ; c’est Socrate ou Napoléon, c’est n’importe quel esprit évoqué ; en tout cas, ce personnage ne se considère pas comme une partie du médium lui-même, il ne s’applique pas certains souvenirs spéciaux au médium. Cette différence est caractéristique, et contribue beaucoup à donner une physionomie particulière et bien originale aux manifestations spiritiques.
À quoi tient-elle ? À ces conditions de milieu mental, qui sont si importantes dans toutes les expériences de ce genre. Le médium qui prend la plume ne reste point, comme nos hystériques, indifférent et ignorant du but poursuivi ; il a son système, ses croyances. Il croit aux esprits et à la possibilité de les évoquer ; il est dominé par une préoccupation puissante ; c’est même lui, ou l’assistance, qui en général choisit l’Esprit avec lequel on va entrer en communication ; quand même ce choix ne serait pas fait, comme dans l’observation de Clélia, le médium s’attend à converser avec une intelligence distincte de la sienne ; il se trouve en un mot dans les meilleures conditions pour faire de l’auto-suggestion.
Seulement, chose curieuse, le moi qui subit l’effet de la suggestion, ce n’est pas le moi normal, c’est le moi secondaire. C’est ce dernier qui reçoit la suggestion qu’il est tel ou tel personnage, et qui subissant cette illusion ou s’y prêtant avec complaisance — on ne sait trop au juste comment les choses se passent — va écrire des messages dans le style du personnage évoqué, et les signera du nom de ce personnage. Nous avons vu plus haut les curieuses expériences de M. Richet ; dans ces expériences, aujourd’hui