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« L’expérience fut faite une première fois à Pâques, en 1883 ; après un intervalle d’une semaine elle fut reprise et continuée pendant trois jours ; le premier jour, dit l’observateur, je fus sérieusement intéressé ; le second jour, je devins perplexe ; le troisième, il me sembla que j’abordais des expériences entièrement nouvelles, d’un caractère à la fois terrible et romantique ; le quatrième, le sublime tomba tristement dans le ridicule.


PREMIER JOUR

« L’auteur prend une plume, et pose la question. C’est la plume qui écrit la réponse.

« Demande. Sous quelles conditions puis-je entrer en communication avec l’Invisible ?

« Réponse. ─── La main remua aussitôt, pour tracer cette ligne ; le résultat n’était guère favorable ; mais comme l’auteur avait dans la pensée que la condition requise pour communiquer avec l’Invisible était une parfaite rectitude, il pensa que la réponse s’appliquait exactement à la demande.

« Demande. Quelle est la cause qui en ce moment fait mouvoir ma plume ?

« Réponse. La religion.

« Demande. Quelle est la cause qui fait écrire cette réponse à ma plume ?

« Réponse. La conscience.

« Demande. Qu’est-ce que la religion ?

« Réponse. Adoration.

« Ici s’éleva une difficulté. Quoique l’auteur n’expectât aucune de ces trois réponses, cependant quand les premières lettres furent écrites, il prévit le reste du mot. Ceci pouvait vicier le résultat. Cons…, par exemple, aurait pu finir comme « consciousness », si l’auteur avait pensé à ce mot au lieu de penser à conscience. Alors, il se produisit un fait singulier, comme si une intelligence avait voulu prouver par la forme de la réponse qu’elle était la seule