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Mais nous n’avons pas l’intention de traiter la question dans son ensemble ; nous voulons simplement indiquer ses points de contact avec les théories psychologiques que nous exposons.

Nous commencerons par quelques éliminations nécessaires. Il existe, au dire des auteurs, certains phénomènes spirites qui se produisent en dehors de l’action d’une personne ou d’une cause connue ; ce sont les phénomènes dits physiques, comme les coups dans les murs, les tables et autres meubles qui se soulèvent d’eux-mêmes, sans qu’on y touche, l’écriture directe par des crayons marchant tout seuls, ou glissés entre deux ardoises, les apparitions d’esprits qu’on peut photographier ou même mouler ; nous ne nions pas ces phénomènes, parce que de parti pris nous ne voulons rien nier ; mais la démonstration scientifique est encore attendue ; nous n’en parlerons pas.

Après avoir ainsi circonscrit notre sujet d’étude, examinons ce qui reste d’essentiel dans une séance spirite ; c’est un ensemble de faits, toujours à peu près les mêmes, qu’on retrouve dans toutes les descriptions des écrivains spéciaux ; ces faits consistent dans des mouvements inconscients exécutés par une personne appelée médium, qui est censée servir d’instrument aux esprits lorsque ceux-ci veulent exprimer leur pensée à des personnes vivantes.

Les auteurs qui ont décrit cette communication de pensée avec les esprits des morts ont eu le tort de mêler les descriptions avec les hypothèses, et ces dernières sont généralement absurdes ; nous sommes donc obligés, quand nous les reprenons, d’opérer un triage entre le fait observé et son interprétation. Nous trouvons ici déjà un exemple de cette analyse à faire. Qu’est-ce qu’un esprit ? La présence de l’esprit qu’on évoque est-elle réellement prouvée, quand le médium se croit en communication avec lui ? Tout cela, ce n’est que de l’hypothèse gratuite. Le fait d’observation, c’est que le médium, c’est-à-dire une personne reconnue plus apte que d’autres au genre d’expérience que nous allons décrire, peut exprimer sans en avoir la volonté et