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phénomènes subconscients, capables d’envahir le moi normal et même de l’effacer[1]. Nous avons vu que si pendant un état de distraction on excite un peu le personnage subconscient, la personne normale s’endort, et le personnage subconscient passe au premier plan, ce qui amène le somnambulisme. Il se produit ici un fait du même genre. Si on oblige une hystérique à penser à une série d’idées, pendant qu’à son insu l’écriture automatique se manifeste et traduit tous ses états de conscience, il arrive un moment où la malade s’arrête avec inquiétude ; elle sent fuir les idées qu’elle vient d’évoquer, elle en perd la conscience nette ; si c’est à un calcul mental qu’on l’a occupée, elle s’embrouille au milieu de ses chiffres, ne se les rappelle plus, et se déclare incapable de trouver le nombre total, alors que l’écriture automatique, qui, elle, n’a rien oublié, écrit le nombre sans hésitation. Le subconscient, dans ces expériences, s’étend sur le terrain de la conscience principale, et accapare quelques-unes de ses idées ; facilement, il pourrait les accaparer toutes et amener le somnambulisme.


III


Il faut, pour rester fidèle aux faits, élargir un peu la description de ce que nous avons appelé l’écriture automatique. Ce terme, depuis longtemps consacré par l’usage, mais fort incolore, ne peut s’appliquer qu’à une catégorie restreinte de mouvements, aux mouvements graphiques ignorés de la conscience principale. En réalité, ce ne sont pas les seuls qui peuvent se produire dans les conditions que nous avons fixées. Les sensations, les idées, les états de toutes sortes qui se produisent dans la conscience principale peuvent amener dans la conscience secondaire un très grand nombre de mouvements variés. Si l’écriture se produit pour enregistrer ces

  1. Voir chap. v, p. 138.