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ici, c’est un mot entier, plus loin, une seule lettre, ou un chiffre. Quand le mot entier est écrit, il ne coïncide plus avec la lecture qui va toujours ; le sujet est parfois arrivé deux ou trois lignes plus loin, quand la main achève d’écrire le mot ; il y a donc simultanéité de deux pensées différentes. J’ai remarqué que souvent les sujets écrivent moins facilement pendant qu’on provoque à leur insu l’écriture


Fig. 3. — Écriture automatique d’une hystérique. Elle a écrit : « C’est agaçant, cette fontaine. »



automatique ; ils hésitent, s’arrêtent, paraissent troublés ou agacés, sans pouvoir en donner la raison.

Les mouvements automatiques sont, dans une certaine mesure, en relation avec l’intensité des pensées. Dès que la malade fait un effort intellectuel pour se rappeler, ou pour raisonner, ou pour deviner quelque chose, on voit sa main insensible, tenant un crayon, qui prend l’attitude nécessaire pour écrire ; dès que le problème est résolu ou abandonné, la main laisse tomber la plume et s’affaisse dans une attitude de résolution.


II


Dans tous les cas précédents, c’est une représentation mentale consciente qui provoque un mouvement subconscient. Fixons par un exemple le point où le phénomène reste conscient. On demande au sujet quel est son âge. Au moment où il va répondre, ou même quelques secondes avant qu’il réponde, la plume qu’on a eu le soin de glisser entre l’index et le pouce anesthésiques fait la même