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peu qu’on complique l’expérience, par exemple en les priant d’écrire un certain nombre de fois la même lettre ; malgré tous leurs efforts, ils ne font point le compte exact ; ayant douze lettres à écrire, ils en écrivent presque toujours quelques-unes de plus ou de moins. Lorsqu’on les en avertit, ils en sont étonnés, car ils prétendent s’être vus écrivant le nombre de fois prescrit. Un second genre de sujets, chez lesquels les mouvements de l’écriture sont aussi inconscients que chez les premiers, arrivent néanmoins à écrire, les yeux fermés, le nombre exact de lettres qu’on leur indique, ils se rapprochent donc beaucoup plus que les précédents de l’état psychologique d’un scripteur normal ; cependant avec un peu de soin, on peut encore trouver des différences ; ainsi, quand on arrête brusquement leur main insensible, et qu’on leur demande d’indiquer avec précision quelle lettre ils viennent de tracer, bien souvent ils se trompent.


IV


D’une manière générale, les mouvements graphiques sont bien conservés et s’exécutent correctement. Mais il n’en est pas ainsi des autres mouvements. Nous allons examiner ces autres mouvements et faire à ce sujet quelques observations.

Il faudrait, pour bien faire, passer en revue une série de malades et prendre des observations sur chacun d’eux, car chacun présente un grand nombre de phénomènes qui lui sont propres. Nous ne pouvons entreprendre un aussi long travail. Nous sommes obligé de réunir tous les malades, et aussi un peu, de les confondre dans une description générale ; ce procédé expéditif a des inconvénients, car notre description, si elle est vraie dans son ensemble, ne s’appliquant à aucun malade en particulier, ne sera vraie de personne.