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II


Si maintenant on considère un hystérique présentant un membre insensible, on pensera que ce malade est apte à nous montrer, par la méthode de différence, quelles sont les fonctions remplies par la sensibilité de la peau, du muscle et de l’articulation. En effet, les malades de ce genre, dès qu’ils cessent de voir leurs membres insensibles, n’ont plus de conscience de leur position ; ils ignorent s’ils sont en état de flexion ou d’extension, ils ne sentent pas quels sont les mouvements passifs que l’expérimentateur leur imprime. Briquet parle d’une hystérique, à ce point insensible de tout le corps qu’on pouvait, après lui avoir bandé les yeux, l’enlever de son lit et l’étendre par terre sans qu’elle eût la moindre idée de ce qui s’était passé. Elle comparait la sensation qu’elle éprouvait ordinairement à ce que devrait éprouver une personne suspendue en l’air par un ballon. J’ai observé à la Salpêtrière un certain nombre d’hystériques qui sont anesthésiques totales et sur lesquelles il est facile de répéter des expériences analogues à celle de Briquet.

Les auteurs ont donc cherché, depuis longtemps, à profiter de l’expérience toute faite que leur offre la maladie hystérique ; il a paru important de savoir quels sont les désordres de l’activité volontaire qui sont produits chez les hystériques par la perte des sensations kinesthésiques. Ce mode de recherche n’offre aucune difficulté ; on prie le sujet de fermer les yeux, ou mieux encore on lui cache la tête derrière un écran et, ceci fait, on l’invite à exécuter un certain nombre d’actes, simples ou compliqués, avec son membre insensible.

Quand l’expérience est disposée de la sorte, dans quelle situation le sujet se trouve-t-il placé ? Pour voir ce qui lui manque, reportons-nous au schéma de l’activité volontaire et normale. L’hystérique conserve la faculté de vouloir le