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n’aurons pas à nous occuper par la suite ; il reste deux faits principaux : 1o la représentation du mouvement, avant qu’il s’accomplisse, et 2o la perception du mouvement, à mesure qu’il s’accomplit. C’est sous ces deux formes que notre intelligence entre en relation avec l’activité motrice de nos membres : une représentation antérieure au mouvement et une perception postérieure ; un état de conscience modèle, et un état de conscience copie.

La représentation antérieure, à quoi sert-elle ? à déterminer la nature et la forme du mouvement ; c’est un modèle mental du mouvement, un modèle que notre membre cherche en quelque sorte à copier ; si je veux asséner un coup de poing, et que je réfléchisse à mon acte quelque temps avant de l’accomplir, j’ai la représentation de ma main qui se ferme et de mon bras qui se lève. En quoi consiste cette représentation de l’acte ? en perceptions de mouvement renouvelées ; chez un sujet normal, cette représentation est très riche ; elle est composée d’images visuelles, tactiles, musculaires et autres ; on voit son poing qui se lève, et en même temps, on a la sensation anticipée de ce qu’on va éprouver dans le bras et dans la main au moment de la contraction. Dans les actes réflexes, les actes idéo-moteurs, l’expression des émotions, les actes associés en série, etc., la notion consciente qui précède le mouvement paraît s’effacer et perdre son importance ; ces cas mériteraient une discussion à part, que nous n’avons pas le temps de faire ; nous nous en tenons à un acte hautement volontaire, et bien réfléchi, dans lequel on a la représentation de l’acte avant de l’accomplir.

Tel est l’état de conscience qui précède le mouvement ; celui qui le suit, ou plutôt l’accompagne à mesure qu’il s’exécute, est aussi important que le précédent ; car c’est lui qui permet de coordonner le mouvement, de le diriger, de le rectifier quand le but est manqué. Comment se fait ce contrôle ?

Supposons, par exemple, que notre main soit posée sur nos genoux, ouverte ; nous voulons la fermer, et nous la