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et le sommeil reparaissaient et Félida rentrait dans l’état ordinaire.

Cette sorte d’accès revenait tous les cinq ou six jours, ou plus rarement ; ses parents, et les personnes de son entourage, considérant le changement de ses allures pendant cette sorte de seconde vie et son oubli au réveil, la croyaient folle.

Bientôt les accidents de l’hystérie proprement dite s’aggravèrent. Félida eut des convulsions et les phénomènes de prétendue folie devinrent plus inquiétants.

M. Azam fut appelé à lui donner des soins en juin 1858 ; voici ce qu’il constata en octobre de la même année :

Félida est brune, de taille moyenne, assez robuste et d’un embonpoint ordinaire ; elle est sujette à de fréquentes hémoptysies, probablement supplémentaires ; très intelligente et assez instruite pour son état social, elle est d’un caractère triste, même morose ; elle parle peu, sa conversation est sérieuse, sa volonté est très arrêtée et son ardeur au travail très grande. Ses sentiments affectifs paraissent peu développés. Elle pense sans cesse à son état maladif qui lui inspire des préoccupations sérieuses, et souffre de douleurs vives dans plusieurs points du corps, particulièrement à la tête ; le symptôme nommé clou hystérique est chez elle très développé.

On est particulièrement frappé de son air sombre et du peu de désir qu’elle a de parler ; elle répond aux questions, mais c’est tout.

Si on l’examine avec soin au point de vue intellectuel, on trouve ses actes, ses idées et sa conversation parfaitement raisonnables.

Presque chaque jour, sans cause connue, ou sous l’empire d’une émotion, elle est prise de ce qu’elle appelle sa crise ; en fait, elle entre dans son deuxième état ; elle est assise, un ouvrage de couture à la main ; tout d’un coup, sans que rien puisse le faire prévoir, et après une douleur aux tempes plus violente que d’habitude, sa tête tombe sur sa poitrine, ses mains demeurent inactives et descendent