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II


Il est temps de laisser de côté le détail des expériences, et de chercher à en dégager une idée générale. Toutes les expériences ont été faites avec un dispositif uniforme, consistant, comme nous l’avons dit et répété souvent, à cacher à la malade les épreuves auxquelles on soumet son membre insensible et les réactions qui se produisent dans ce membre. Il en résulte que lorsque l’expérimentateur n’a pas l’imprudence de parler à la malade, celle-ci reste étrangère à l’expérience, et de fait, elle peut s’occuper de toute autre chose. Elle n’a point la sensation consciente de ce qui se passe dans ses membres, à moins qu’il ne se produise, au cours des recherches, un retour de sensibilité dont il faut toujours se méfier, et qui s’expliquerait en partie par un trop grand nombre d’excitations portées sur une même région.

Les malades sur lesquels on peut reproduire les phénomènes en cause sont assez nombreux ; j’ai pu en étudier plus d’une trentaine ; et, d’autre part, depuis que mes recherches et celles de M. Féré ont été publiées, elles se sont trouvées confirmées par les observations concordantes d’autres auteurs (Babinski, Onanoff, Blocq, P. Janet, etc.), ce qui semble une preuve de leur exactitude.

Nous devons remarquer que parmi les hystériques, les hommes en général se prêtent peu à ces recherches : soit que l’insensibilité de l’hystérie mâle soit plus grave, plus profonde que celle de la femme, soit pour toute raison que j’ignore, il est parfois malaisé de provoquer dans le membre insensible d’un sujet mâle des mouvements subconscients. Parmi les femmes, il faut faire une distinction importante ; celles qui ont été fréquemment soumises à des manœuvres d’hypnotisation présentent des mouvements inconscients bien plus développés que les autres femmes. Cette circonstance, la fréquence de l’hypnotisation, a une importance bien