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II


La conservation d’une attitude est un acte d’adaptation simple ; en voici d’autres plus compliqués.

Si pendant que le bras est soulevé, on le charge de poids, le membre étendu peut ne pas se fléchir brusquement ; il fait un effort approprié à la charge nouvelle, de manière à conserver la position qui lui a été donnée. Dans ce nouvel exemple, on peut s’assurer que le membre insensible fait preuve de perspicacité, car si on presse tout doucement sur le membre étendu, on le fait baisser, tandis que, lorsqu’on attache à ce membre l’anneau d’un poids de 2 kilogrammes, le bras reste en position ; c’est que, dans les deux cas, l’intention de l’expérimentateur est différente, et se traduit par des mouvements différents, que le sujet paraît bien comprendre.

On provoque des mouvements complexes d’adaptation en plaçant dans la main insensible des objets connus ; le contact de ces objets en suggère l’usage, et détermine des mouvements appropriés ; les deux premiers doigts étant placés dans les anneaux d’une paire de ciseaux, la main reconnaît le ciseau, l’ouvre et le ferme comme si elle cherchait à couper quelque chose. Si on met le dynamomètre dans la main d’un sujet, qui a l’habitude de se servir de cet instrument, et qu’on rapproche les doigts des branches, la main serre sans en avoir conscience ; elle serre une fois, deux fois, vingt fois de suite, et davantage ; le propre de ces mouvements d’adaptation est de se continuer très longtemps. Le chiffre de pression est en général un peu inférieur à celui que donne le même sujet quand il presse volontairement. Ce qu’il faut remarquer encore, c’est l’association, la coordination des mouvements inconscients entre eux et avec les impressions qui leur servent de point de départ. Si on tire les deux bras en avant, le sujet étant assis et ayant les yeux bandés, tout le corps se soulève,