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particulier ; dans tel cas, par exemple, l’inconscient ne laisse pas retomber le bras soulevé parce qu’il a compris le désir de l’expérimentateur et veut s’y conformer. « Pour mettre un membre en catalepsie, dit M. Bernheim, il suffit de lever ce membre, de le laisser quelque temps en l’air, au besoin d’affirmer que ce membre ne peut plus être baissé ; il reste en catalepsie suggestive ; l’hypnotisé dont la volonté ou le pouvoir de résistance est affaibli conserve passivement l’attitude imprimée. » C’est de l’obéissance ; et l’explication nous paraît exacte pour tous les cas où le phénomène a été produit par suggestion verbale, dans les cas aussi où le sujet a assisté à des expériences analogues sur d’autres malades, et dans les cas enfin où l’inconscient de l’hystérique est assez développé pour se rendre compte de la pensée de l’opérateur ; mais, dans d’autres conditions, chez d’autres malades, il semble que la cause de la catalepsie, tout en restant psychologique, est plus simple ; c’est une pure inertie mentale, ou ce qu’on a appelé un état de monoidéisme ; l’inconscient subit sans la comprendre, sans la raisonner, et par conséquent sans y résister, l’attitude qu’on lui donne. En termes plus précis, nous dirons : quand une attitude est imprimée au bras, on provoque un certain nombre de sensations tactiles et musculaires, qui représentent l’attitude, et qui, en continuant à se produire, deviennent une cause d’excitation pour les muscles dont la contraction maintient l’attitude ; c’est un automatisme de sensations, d’images et de mouvements, peut-être aussi de désirs et volitions rudimentaires, qui est de tous points comparable à celui qui peut déterminer une répétition de mouvements. Ainsi, il y a tantôt suggestion par obéissance raisonnée, tantôt suggestion par automatisme. Dans tous les cas, la plasticité cataleptique a sa source dans l’état mental du sujet et s’explique par des raisons psychologiques.