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aucune fatigue ; nous le croyons sincère, et le démenti que lui donne la méthode graphique est bien curieux ; certainement, dirons-nous, il y a eu fatigue, le tracé en fait foi, mais fatigue inconsciente et atténuée.

On a observé parfois que les sujets, quand ils se prêtent à l’expérience décrite, éprouvent une sensation, non de fatigue, mais de douleur. Cette douleur peut occuper un point du corps assez éloigné du membre en expérience ; c’est par exemple la région précordiale, le flanc, ou l’épaule du côté opposé. Les malades distinguent nettement cette sensation douloureuse de la sensation de fatigue ; il paraît que c’est tout autre chose.

Je n’insiste pas davantage sur l’étude de ce phénomène ; je me contente de renvoyer le lecteur qui voudrait plus de détails aux articles et ouvrages de Lasègue, Saint-Bourdin[1], Liébeault[2], Binet et Féré, Séglas et Chaslin[3], Pitres[4], etc. Je signalerai seulement deux questions particulières.

La première est une question d’interprétation : quelle est la nature de ce phénomène de plasticité cataleptique ? On l’a longtemps décrit comme un phénomène neuro-musculaire, et on en a placé l’origine dans un état d’hyperexcitabilité des centres nerveux, expression commode qui n’explique rien, mais ne compromet personne. On semble admettre aujourd’hui, avec plus de raison, que la psychologie a le droit de revendiquer ces phénomènes ; le fait est que leur origine psychologique n’est pas douteuse chez un grand nombre de sujets ; le tour de main nécessaire pour mettre en jeu cette plasticité le montre suffisamment.

S’ensuit-il que ce soit là une simple suggestion ? Oui, si l’on veut, mais il ne faut pas oublier que la conservation de l’attitude peut avoir lieu pour plusieurs raisons bien distinctes, et qui ne sont vraies chacune que pour un cas

  1. Catalepsie, p. 59.
  2. Du Sommeil, p. 72.
  3. La Catatonie (Arch. de neurologie, nos 44, 45, 46, 1888).
  4. L’Anesthésie hystérique, p. 72.