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mis fin à l’expérience. Chez une autre femme, l’expérience n’a pu être prolongée jusqu’à la fin, mais nous avons constaté qu’au bout de trois quarts d’heure, l’extrémité du membre supérieur droit, qui était étendu horizontalement, avait baissé à peine de cinq à six centimètres.

Si on demande à ces malades de conserver la pose en même temps avec le bras sensible, les deux bras étant étendus horizontalement, on s’aperçoit de la différence qu’il y a entre les deux côtés ; le bras sensible se fatigue, il se fatigue même assez vite, et la malade est obligée de le baisser pour le reposer, alors que le bras insensible reste encore en position.

La conservation de l’attitude n’est pas seulement remarquable par sa durée ; elle présente ce signe particulier qu’elle a lieu sans tremblement ; la main étendue ne présente pas ces légères trémulations qu’on observe chez l’individu normal fatigué de la pose ; le membre du sujet offre seulement de légères oscillations qui le soulèvent tout d’une pièce et semblent en rapport avec les mouvements respiratoires.

À l’absence de tremblement s’ajoute l’absence des signes qui caractérisent l’effort et la fatigue, comme on peut s’en assurer en prenant les tracés des mouvements respiratoires ; la respiration peut conserver son rythme régulier à un moment où chez un sujet normal elle présenterait des irrégularités qui révèlent la fatigue et l’effort destiné à la masquer. Enfin, en dernier lieu, le malade, si on en croit son témoignage, n’éprouve point de sensation consciente de fatigue.

Ces différents signes physiques sont loin d’être constants. J’ai vu des malades chez lesquels les tracés de la respiration présentent au bout de quelque temps un trouble notable, une irrégularité et une précipitation qui sont certainement sous l’influence de la fatigue, bien qu’ils soient bien moindres que ceux qu’on peut observer chez ces mêmes sujets quand c’est le bras sensible qui conserve la pose. Pendant ce temps, le sujet déclare qu’il ne sent