Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les mouvements précédents présentent le caractère particulier d’être la répétition de mouvements volontaires ; l’inconscient que nous venons de voir à l’œuvre imite l’acte du personnage conscient, ce qui n’avait pas lieu dans les autres expériences.

Nous terminerons en décrivant plusieurs caractères communs aux mouvements inconscients de répétition ; ce sont :

1o Leur diffusion ; ils ne restent pas absolument localisés dans un membre ; ils ont une tendance à se généraliser, et souvent, ils gagnent le membre symétrique ; quand on fait écrire des chiffres à une main, au bout de quelque temps l’autre s’agite, et si elle tient un crayon, elle tracera les mêmes chiffres que la première ; ce qui est très curieux, c’est que parfois alors une main, douée de sensibilité, répète le mouvement communiqué à l’autre main, et cependant le malade ne perçoit pas le mouvement ; le mouvement reste subconscient alors même qu’il a pour instrument un organe sensible.

Nous verrons plus loin que la plupart des modifications du mouvement qu’on peut produire chez un sujet hystérique dans une moitié seulement du corps offrent cette même tendance à la généralisation.

2o Un second caractère des mouvements inconscients de répétition, c’est leur fatalité. Quand la main va répéter un mouvement communiqué, fût-il aussi délicat que celui de l’écriture, elle se raidit, devient dure au toucher, tandis que dans les conditions ordinaires elle a la flaccidité d’un membre frappé de paralysie ou la plasticité de la cire. Si l’on essaye d’empêcher le mouvement, pendant qu’il s’exécute, en maintenant les doigts dans une position fixe, on éprouve une grande résistance ; il est très difficile d’immobiliser les doigts ; lorsqu’on enlève le crayon, les doigts continuent à faire dans le vide les mêmes mouvements graphiques. La constriction du poignet retarde un peu le mouvement. Chez les malades auxquelles on peut donner des contractures par l’excitation des muscles et des nerfs, il est difficile d’en produire au moment où