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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

ceux de ses élèves dont la vision n’est pas normal.

Cette question de principe une fois tranchée, décrivons exactement la méthode à suivre. Elle consiste à placer en pleine lumière, mais en lumière diffuse, à hauteur d’œil, contre un mur de préau découvert, un tableau contenant des lettres de différentes grandeurs. On appelle échelle optométrique le tableau contenant de ces lettres. Si nous prescrivons de suspendre l’échelle en plein air, c’est parce que les changements de lumière y sont moins accusés que dans une pièce fermée. On opère de préférence entre 10 heures et 2 heures, et on évite les temps couverts.

L’échelle optométrique contient plusieurs rangées de lettres, ayant des dimensions différentes. Les lettres ne forment pas des mots ; on a évité cette formation, afin d’empêcher les examinés de deviner les lettres par l’aspect général d’un mot connu. Il faut donc percevoir les lettres une à une.

Quelle est la grandeur de lettres qu’on doit pouvoir lire pour avoir une vision normale ? Il faut — et tout l’essentiel de la méthode se trouve dans la phrase suivante — pouvoir lire correctement trois lettres sur sept, quand les lettres en caractère d’imprimerie ont 0m,007 de hauteur, et qu’on est placé à une distance de 5 mètres. Voilà, dira-t-on, une règle bien précise ; et, ajoutera-t-on, bien arbitraire.

Pourquoi tolérons-nous quatre erreurs sur sept lettres ? Pourquoi demandons-nous ces 5 mètres de distance ? Pourquoi faut-il que les caractères aient 0m,007 de hauteur, et non pas 0m,008 ou 0m,006 ? Nous répondrons point par point. D’abord, il est bon que l’examen de la vision soit enveloppé d’un certain formalisme, afin d’éviter qu’il s’exécute avec négligence ; si l’on permettait à un maître de montrer indifférem-