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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

le Dr Simon dans les écoles primaires de Paris ; et voici ce que nous avons constaté[1].

Étant données la profondeur des classes et leur obscurité, il existe beaucoup de bancs d’où il est difficile de voir ce qui est écrit sur le tableau noir ; et en fait, certains enfants ont une vue assez courte pour ne pas apercevoir l’écriture tracée au tableau noir, quand ils occupent ces places défectueuses. Or, ces enfants à vision anormale ne sont pas connus des professeurs ; et en général, les professeurs rangent les élèves dans la classe sans tenir aucun compte des mauvaises visions. Dans certaines écoles, le classement se fait au hasard ; dans d’autres, par ordre alphabétique ; dans d’autres, par un roulement, afin de suivre l’ordre de la dernière composition ; les premiers élèves ont l’honneur de s’asseoir sur les premiers bancs, et les derniers élèves sont relégués tout au fond de la classe. Il est évident que cet ordre de classement n’a rien à faire avec un classement par mauvaise vue ; ou plutôt, je me trompe, ce sont là deux classements d’ordre inverse ; les derniers de la composition ont beaucoup de chances pour avoir des visions mauvaises.

À la suite de ces recherches, nous étant convaincus de la gravité du mal qu’il fallait combattre, nous avons mis en train ce que nous avons appelé un examen pédagogique de la vision ; nous avons composé une échelle optométrique, qui a été tirée à plusieurs milliers d’exemplaires, et qui a été distribuée gratuitement par la Société libre pour l’étude de l’enfant à tous les instituteurs de la Seine et de plusieurs départements. Nous allons donc expliquer maintenant par le menu comment un instituteur ou un parent peuvent faire la mesure de l’acuité visuelle d’un

  1. Pour les détails techniques, voir Année Psychologique, XII, p.233.