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VISION ET AUDITION

Je n’ai pour ma part aucun parti pris ; peu m’importe, au fond, que l’examen de la vision soit fait par les instituteurs ou par les médecins ; l’essentiel est qu’il soit fait. C’est l’intérêt des enfants qui l’exige. En effet, les troubles visuels qu’on peut relever chez les écoliers ne sont point en quantité négligeable. Si on consulte les statistiques qui ont été publiées en divers pays, et notamment en Allemagne, on est surpris des chiffres élevés d’anormaux de la vision qui ont été constatés. Les auteurs sont arrivés à établir des proportions d’enfants à vision anormale qui s’élèvent, d’après Mottais, à 46 %, et d’après Cohn, à 61 %. Ce dernier nombre est à remarquer en passant. Si on le prenait à la lettre, on supposerait que les visions anormales constituent la majorité. Et d’autres considérations encore aggravent les conclusions à tirer de ces statistiques. Les chiffres semblent tous démontrer que les déficiences de la vue sont en augmentation régulière avec l’âge ; il existerait plus de troubles visuels, plus de myopies, soit dit en particulier, chez les enfants de quinze à seize ans, que chez les enfants de huit à dix ans ; les statistiques sont très éloquentes sur ce point. Ainsi, Mottais nous détaille les proportions suivantes :

Nombre de myopes dans les classes inférieures :
0
moyennes :
17 %
supérieures :
35 %

Tous les autres auteurs sans exception ont publié des chiffres analogues ; la valeur absolue du pourcentage peut varier, mais l’accroissement des nombres avec l’âge se constate partout régulièrement. On a conclu que la myopie, en particulier, parce qu’elle présente cet accroissement de manière très démonstrative, se développe à l’école et par l’école, et que l’école en porte la responsabilité.

Autre considération qui plaide dans le même sens :