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LE CORPS DE L’ENFANT

nous avons beaucoup de muscles et une large poitrine et que nous sommes exempts d’une foule de tares ; c’est parce que « nous le voulons bien ». Il est donc juste et scientifiquement exact que la volonté de chacun de nous soit comptée parmi les facteurs de sa force physique.


Dernière question. Comment apprécier la force physique d’un écolier ?

À la fin d’une séance d’exploration physique, l’opérateur se trouve avoir recueilli toute une collection de chiffres qui couvrent ses cahiers de notes : chiffres de taille, chiffres de poids, chiffres de largeur d’épaules, chiffres de pression dynamométrique, et ainsi de suite. Que signifie tout cet ensemble rébarbatif de chiffres qui ressemblent si peu à la réalité vivante qu’on vient de mesurer ? Voilà une question que nous aurons souvent à nous poser, car la plupart de nos investigations, même les plus psychologiques, tendent aujourd’hui à se résumer dans une quantité mesurable. Après avoir étudié les capacités mentales d’un sujet, nous arrivons à ce résultat de pouvoir dire pour la mémoire, tel chiffre ; pour l’attention, tel autre. Il importe donc de se rendre compte que, malgré sa grande apparence de précision, le chiffre n’est qu’un résultat brut dont on ne peut se servir qu’après avoir établi non seulement sa signification, mais encore son interprétation, et comme il y a là une question très générale que nous devons rencontrer à chaque instant dans ce livre, résolvons-la en une fois et de manière à n’y plus revenir.

Un jeune garçon de dix ans vient de nous être amené. À la suite de nos opérations d’anthropométrie nous avons pris des notes pour exprimer ce que cet enfant « vaut physiquement ». Voici le relevé de son bulletin :