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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

ment en combien d’années les enfants d’école qui ont une évolution normale doivent parcourir tout le cycle des études, on peut déterminer, pour chacun d’eux s’il est régulier ou s’il est en retard, ou s’il est en avance ; on peut même savoir si ce retard ou cette avance sont seulement d’un an, ou de deux ans, ou de trois, ou davantage. Ainsi, un enfant de dix ans, qui est à l’école primaire, se trouvera dans le cours moyen, deuxième division, s’il est régulier ; si on le rencontre dans le cours élémentaire, deuxième division, c’est qu’il est en retard de deux ans ; si, au contraire, il s’est déjà élevé dans le cours supérieur, il est en avance d’un an. Une notation analogue peut être appliquée aux lycées, aux collèges, à tous les établissements qui présentent un cours d’étude régulier. Il suffit de transformer le degré d’instruction par rapport à l’âge en degré d’intelligence pour avoir un classement très intéressant, qui ne résulte point d’une appréciation subjective et toujours un peu arbitraire des maîtres, mais qui traduit tout un ensemble de résultats, toute la somme d’efforts, d’actes d’attention, de mémoire et de jugement que s’appose l’instruction scolaire. Il est tout naturel de juger l’intelligence d’un enfant d’après ses succès scolaires. C’est pour la même raison qu’on juge l’intelligence d’un adulte d’après sa réussite dans la vie.


J’ai employé comparativement ces deux méthodes pour savoir si le degré d’intelligence des élèves est en quelque relation avec leur développement physique. La première méthode, celle qui consiste à utiliser l’appréciation des maîtres, ne m’a absolument rien donné ; au contraire, avec la méthode du degré d’instruction, je me suis aperçu tout de suite que la relation cherchée devient très claire et très nette. Il a fallu, pour gagner une certitude, étendre beaucoup les recherches, les multiplier dans diverses écoles ; heu-