Page:Binet - Les Idées modernes sur les enfants.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

drait à ne pas faire fausse route, en s’engageant dans des occupations où la demande est supérieure à ses forces physiques. Chaque métier, peut-on remarquer, exige une dépense physique différente ; l’ouvrier doit être plus fort que l’employé ; le manœuvre dépense plus de ses muscles que l’ouvrier d’art ; et, dans le métier du bâtiment, le travail du fer réclame des sujets plus résistants que le travail du bois ; le peintre en bâtiments n’a pas besoin d’être aussi robuste que le maçon. Le mineur, qui vit sous terre, doit avoir plus de résistance que celui qui travaille à l’air libre. Que d’infortunes, que de déboires on éviterait ; si le maître pouvait discrètement instruire chaque élève de ses capacités, et lui montrer le chemin où il peut s’engager sans péril ! Il y aurait moins de déclassés, moins de mécontents, moins de révolutionnaires ; il y aurait surtout moins de mortalité.

C’est ainsi que, pour peu qu’on y réfléchisse, on s’aperçoit avec étonnement qu’il y a un nombre considérable de problèmes d’éducation qui pourraient se résoudre de la manière la plus satisfaisante par l’examen physique des élèves. Et nous ne sommes pas encore au bout de notre énumération. Nous citerons encore deux questions.

La première de ces questions, c’est la valeur comparative de deux systèmes de gymnastique, l’ancienne gymnastique française, avec exercices d’agrès pour les membres supérieurs, et la gymnastique suédoise. C’est cette dernière qui triomphe aujourd’hui. La discussion a été purement théorique ; aucune expérience, aucun contrôle n’est intervenu ; on n’y a même pas songé, tant on aime peu réfléchir, tant on préfère l’engouement et la mode. Il serait cependant bien simple de rechercher sur deux groupes suffisamment nombreux d’élèves quel est le mode de gymnastique qui profite le plus à leur corps.

Dernière question, l’internat. Est-il exact que