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LE CORPS DE L’ENFANT

des enfants qui sont plus âgés ou moins âgés que leur âge légal ; et l’avance ou le retard s’élève parfois à deux ans, à trois ans, rarement à plus. Comment faut-il juger l’âge de l’enfant dans ces cas de désaccord ? On a souvent à prendre en considération l’âge d’un enfant, par exemple pour la classe où on le place, ou pour les examens auxquels on lui permet de se présenter ; les règlements fixent même pour certains examens des limites d’âge. Il paraît naturel de tenir surtout compte de l’âge physiologique, car c’est bien l’âge réel, effectivement vécu ; l’autre n’est qu’une fiction.


Autre question : il est important de connaître et de mesurer les forces physiques d’un individu pour savoir quel est l’entraînement physique dont il a besoin, quels sont les exercices qui sont appropriés à son corps, et à quelle dose il faut lui distribuer les leçons de gymnastique. Ces leçons sont de divers ordre ; et malgré la suppression générale des agrès, qui est de mode aujourd’hui, il reste toute une série d’exercices qui n’exigent pas la même quantité d’effort, et n’entraînent pas la même quantité de fatigue. La culture physique doit évidemment s’adapter à la valeur physiologique de chaque individu ; ce qui est bon pour l’un peut être mauvais pour un autre. Il est absurde de soumettre au même travail musculaire des sujets qui se distinguent par d’énormes différences de développement physique ; c’est absurde et dangereux. Il est un certain degré de fatigue qu’il ne faut pas craindre de rechercher, car elle est salutaire pour le corps, elle en chasse les déchets, et elle se répare vite ; mais lorsque la fatigue dépasse une certaine limite, l’organisme a de la peine à se réparer, il y a du surmenage, de l’épuisement et de l’intoxication. Par conséquent, si on ne tient pas compte de l’état des forces des individus, si on