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LE CORPS DE L’ENFANT

quand une personne est musclée comme un athlète, on s’imagine qu’elle a, par là même, un bon état de santé ; et quoique en général il existe une relation entre les deux, il est bon de se rendre compte que la santé correspond à tout un ensemble de qualités physiques qui ne se ramènent pas à la force musculaire ni au développement corporel, qui en sont distinctes théoriquement et qui peuvent en être indépendantes pratiquement.

Par l’état de santé, nous proposons qu’on entende la synthèse de quatre qualités principales :

1o L’absence de prédispositions morbides, telles que la prédisposition au cancer, à la tuberculose, pour ne parler que des plus dangereuses ;

2o L’absence d’un état actuel de maladie, affection aiguë, affection chronique, ou séquelles d’une affection chronique antérieure ; le seul exemple qu’il convient de donner pour éclaircir ce commentaire est celui de séquelles ; citons les paralysies infantiles, qui succèdent aux convulsions, ou encore les déformations osseuses qui sont le résultat d’une diathèse scrofuleuse ;

3o La tolérance des écarts de régime ; c’est la définition même de la santé. Le degré de la santé ne se constate pas dans une vie régulière et sage ; il faut un écart de régime pour la mettre à l’épreuve, et voir si elle est stable ou instable. Lorsqu’un sujet fait un excès de table ou de boisson, lorsqu’il est obligé de veiller toute une nuit sans un instant de repos, ou de faire une marche très longue et fatigante, on peut constater alors, par la manière dont son organisme supporte cet écart de régime et le répare, quelle est la qualité de sa santé. Mais à l’état de régime ordinaire, cette qualité est fort difficile à apprécier, même pour un médecin ; les signes objectifs font le plus souvent défaut ;

4o La longévité. Elle paraît distincte, en quelque mesure, des qualités précédentes, et elle est géné-