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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

et ces cadeaux leur sont dus. Après bien des tâtonnements, nous avons pensé, M. Belot et moi, que, sans proscrire les fêtes, les tombolas, les danses, les réunions amicales, mauvaises si elles constituent l’essentiel, très bonnes si elles ne sont que l’exception, il était nécessaire que les relations de ces enfants eussent un but précis d’instruction et d’éducation. Aussi, d’après notre nouveau règlement, le cours des redoublantes fournit chaque jour une monitrice qui reste à peu près toute la journée dans la classe des anormales, aide les plus jeunes, les moins habiles à faire leur devoir et à suivre la leçon ; la même monitrice n’y reviendra qu’un mois ou deux après. De plus, deux fois par semaine, entre quatre heures et quatre heures et demie, les petites mères viennent donner à leurs pupilles des répétitions individuelles : une des répétitions a pour objet l’instruction, les autres sont des leçons de choses, des explications, des conseils. Chaque petite mère est en service pendant une quinzaine ; sa quinzaine finie, elle rédige un rapport de deux à trois pages sur ce qu’elle a observé chez sa pupille. La quinzaine suivante, on la remplace par une autre grande élève, une autre petite mère, afin que le zèle, vif mais court, de ces tutrices encore jeunes n’ait pas le temps de s’épuiser. Toute cette organisation n’est possible qu’avec la collaboration très attentive de la Direction de l’école ; il faut y mettre une volonté intelligente, un désir de bien faire, et une surveillance de tous les instants. Ce qui a réussi dans une école doit pouvoir réussir ailleurs. Je n’ai pas dit combien m’a paru curieux le spectacle de ces petites anormales, si joyeuses de l’arrivée des petites mères, quand quatre heures sonnent ; il faut avoir vu les démonstrations bruyantes des pupilles, l’air raisonnable et sérieux des plus grandes ; je n’ai pas parlé des lettres qui s’échangent, de ces rapports de quinzaine où l’on trouve tant de bonne volonté, de l’intérêt que les parents de normaux ont