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LA PARESSE ET L’ÉDUCATION MORALE

s’il arrivait à faire pleurer l’enfant, il avait cause gagnée.

Ces quelques moyens moraux dans lesquels on donne un peu de soi, me paraissent infiniment préférables à tout le système des mauvais points, des retenues et des pensums, que certains maîtres distribuent avec autant de discernement que des machines automatiques. Il y a évidemment des cas où les punitions scolaires sont indispensables ; que tout au moins, on les donne avec discernement ; qu’on ne punisse pas également tous les élèves, car peu suffit à quelques-uns ; et en outre un élève trop souvent puni en prend l’habitude et s’endurcit. Qu’on emploie surtout, je le recommande, l’excellent système qui permet à l’élève de réparer sa faute. Dès qu’il est puni, on l’avertit que sa punition est inscrite, mais il sait que si d’ici la fin de la classe il se tient d’une façon exemplaire, il rachète sa faute, et sa punition sera levée. J’ai vu ce système employé dans plusieurs écoles ; je le crois excellent. Ce n’est plus de la dépression, c’est un moyen excitateur.

3o  Les moyens excitateurs. — Les moyens éducatifs que nous appelons excitants sont ceux qui agissent d’une manière favorable sur l’activité physique, intellectuelle et morale, qui l’augmentent, et qui en même temps produisent un sentiment agréable de bien-être, de satisfaction. Pour des raisons a priori nous devons préférer cette manière d’agir, et même nous regrettons que l’on ne puisse pas l’employer exclusivement ; seule elle excite l’activité, la bonne humeur et la sympathie pour le maître ; elle est conforme à l’esprit de toute éducation, qui doit consister à faire agir, en produisant un entraînement joyeux.

Les meilleurs moyens excitateurs sont les plus directs, ceux qui font partie de l’action même que l’on désire faire exécuter à l’enfant. Si je désire qu’un