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LES APTITUDES

d’une mise recherchée, très souple de corps, il excellait aux exercices physiques ; il avait du talent pour réparer les pendules détraquées, et exécutait avec soin et avec goût de petits travaux manuels. J’ai été souvent frappé de son esprit d’observation ; il aimait la campagne, et avait fait des remarques très justes sur les mœurs des animaux et des plantes : sur ce point, il en remontrait à ses frères. Ses parents ne se trompèrent pas sur ses aptitudes ; on fit de lui un agronome. Il fut reçu à une école d’agriculture dans un bon rang ; il aurait peut-être même été reçu le premier, s’il n’y avait pas eu une épreuve littéraire qui le fit noter assez mal.

Autre exemple. J’ai eu à mon laboratoire de psychologie un élève, qui, dès le premier jour, m’étonna. Il était jeune et ne savait presque rien, mais il était avide d’apprendre. Sur sa demande, je lui montrai le fonctionnement de quelques appareils délicats, des chronomètres, des cylindres enregistreurs ; il m’écoutait avec une extrême attention, touchait discrètement, d’un mouvement lent, les organes que je mettais en activité devant lui. Quelques jours après, j’avais une démonstration à faire devant plusieurs élèves ; je trouvai les appareils tout préparés, les piles avec les fils correctement attachés, les cylindres admirablement noircis, les tambours en bon état, et tout cela ajusté de la manière la plus intelligente comme si un vieux préparateur avait passé par là. Mon nouvel élève avait tout fait. Pendant ma démonstration, il s’occupa de faire fonctionner les appareils, il prenait les tracés les plus difficiles ; et toujours cela s’encadrait dans ma conférence, la démonstration se faisait au moment juste, ni trop tôt ni trop tard. Quand mon auditoire partit, je me tournai vers lui, et je lui demandai avec surprise qui lui avait appris la méthode graphique ; et il me répondit avec un ton surpris de ma propre sur-