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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

rage. Il y a donc en elle une lutte perpétuelle, et bien intéressante, entre des tendances opposées. Mais ce qu’elle tient de son type mental, ce sont deux qualités précieuses, d’abord une très grande lucidité d’analyse et de critique qui provient en partie de son langage intérieur très développé, et en second lieu une prédominance des états d’âme qui la dirigera peut-être un jour vers une sorte de peinture psychique ; j’entends par là une peinture de ce qu’on éprouve, plutôt qu’une représentation de ce que l’on voit.

À la réflexion, je suis extrêmement heureux que la destinée ultérieure d’un de mes sujets ait semblé donner un démenti à mes analyses. C’est pour moi une leçon. Mes analyses restent intactes, j’en suis pleinement convaincu ; mais la conclusion pédagogique à en tirer est mise en question. D’une manière générale, lorsqu’un enfant a du goût pour l’observation, c’est vers les professions en contact avec la nature qu’il faut le diriger ; en lui donnant ces conseils et directions, on lui rend le plus grand service. Mais à ces règles, il y a des exceptions qui montrent que les règles pédagogiques ne sont pas inflexibles et fatales. Il y a dans l’esprit humain une fécondité et une souplesse toujours supérieures à ce qu’on a supposé. Nous ne devons donner par conséquent que des conseils toujours sujets à révision et ne rien imposer de vive force.



Le praticien et le littéraire.


Nous abordons une dernière division des esprits ; celle-ci est déjà très connue en Amérique, où le développement des écoles professionnelles et techniques est si florissant, et où même dès l’école primaire on a su faire une si large place aux travaux manuels ; mais en France, nous sommes encore bien en retard ; et les idées si connues, devenues classiques de l’autre