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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

même à mieux distinguer des tons de valeur différente[1]. Comment se produit cet effet général de perfectionnement ? Est-ce parce que, dans des travaux qui nous semblent totalement différents, il y a des processus élémentaires qui sont identiques ? Est-ce parce que tout travail implique une manière générale de penser qui, dans ses grandes lignes, reste invariable ? On ne sait et là-dessus on discute encore. Mais l’essentiel, au point de vue pratique, est de retenir cet enseignement important que chacune de nos puissances augmente par l’exercice et peut même augmenter quelques autres de nos puissances. Développons donc notre mémoire ; développons surtout celle des enfants, afin que, devenus adultes, ils en aient une qui soit habile, souple et forte.


VI

une erreur de pédagogie


Je termine en exposant une observation particulière, prise sur une jeune fille de ma famille. Ce sera une occasion de montrer en quoi doit consister l’entraînement de la mémoire que je viens de préconiser. Cet entraînement ne consiste pas à faire sans méthode beaucoup d’efforts de mémoire ; des efforts mal dirigés ne serviraient à rien, sinon à décourager la personne. Il est nécessaire de connaître les règles de l’entraînement, car si on ne les connaît pas on ne fera aucun progrès. C’est ce qui arriva à la jeune fille qui va servir à ma démonstration.

  1. J. E. Coover et F. Angell. General Practice Effect of Special Exercise. American Journal of Psychology, XVIII, p. 329. Pour un exposé complet de la question, présenté avec une nuance de scepticisme un peu exagérée, voir Thorndike, Educational psychology, p. 80.