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L’INTELLIGENCE

papier pendant dix secondes. Malgré une foule d’essais, il n’arriva jamais à marquer plus de trente-cinq points, alors que ses camarades de même âge en marquaient soixante. Cet enfant n’était que lent et un peu somnolent. Il en est d’autres qui sont atteints d’une autre manière ; ce sont de pauvres émotifs ; la présence de camarades, le moindre regard du maître déchaînent dans leur intérieur un violent orage d’émotion qui les trouble, les désorganise, les rend incapables de réfléchir à quoi que ce soit. Ils ne sont pas poussés par l’émotion à des actes violents et déraisonnables, ils ne deviennent pas des impulsifs, ils sont au contraire paralysés par l’émotion ; on ne saurait mieux les comparer qu’à des boussoles affolées. Les examinateurs connaissent bien ce genre de candidats que le trac abrutit. On me signalait dernièrement un de ces enfants, élevé dans la famille avec ses sœurs, ne sortant jamais seul, conduit à l’école par une bonne, choyé, gâté par sa mère, et recevant toutes les influences qui peuvent surexciter sa nervosité — on lui faisait même apprendre le piano ; en classe, il se laissait tellement troubler par le moindre incident, qu’il ne donnait que des réponses stupides.

Telles sont les principales circonstances dans lesquelles il est nécessaire de faire à l’école un diagnostic d’intelligence. Ce ne sont que des exemples ; et en les citant, nous désirons ne pas poser ainsi des limites à une question extrêmement vaste. C’est presque à chaque instant qu’on a besoin de savoir si un enfant est intelligent. Cette constatation est d’une importance primordiale.



II

la mesure de l’intelligence.


Nous allons examiner par quels procédés on doit faire le diagnostic d’une intelligence d’enfant.