Page:Binet - Les Idées modernes sur les enfants.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

par là qu’on doit poser la limite de telle manière que les sourds soient ceux chez lesquels le défaut d’acuité auditive produit une gêne dans l’existence. Dans une école, nous devons considérer comme sourds partiellement ceux qui, placés dans la partie la plus reculée de la classe, ne comprennent point la voix du professeur.

Il reste à se demander comment, en pratique, le maître reconnaîtra ces sourds-là. Ne comptons pas sur les enfants pour l’aider. L’enfant est un petit être passif, qui n’a pas l’habitude de se plaindre des défectuosités présentées par ses organes des sens. S’il ne peut pas voir ce qui est écrit au tableau noir, s’il ne peut pas entendre la phrase que le maître vient de dicter, il ne réclame rien, il se tire d’affaire avec sa mémoire ou son imagination, ou avec l’aide de ses camarades. Le maître doit donc procéder lui-même à un examen de l’audition. Mais par quelle méthode ?

C’est une question controversée et sur laquelle nous ne pouvons pas donner d’indications très nettes : On ne mesure pas l’acuité auditive d’une manière aussi satisfaisante que l’acuité visuelle. Il faudrait, pour faire cette mesure, disposer d’un excitant auditif qui présenterait les deux qualités suivantes : 1o cet excitant serait comparable à la voix humaine ; c’est par la manière de percevoir la voix de leur maître que nous devons reconnaître les sourds, les demi-sourds et les entendants, c’est cela seulement qu’il importe de savoir ; 2o cet excitant devrait avoir une intensité constante, car il n’y a pas de mesure possible avec un excitant dont l’intensité varie d’un jour ou d’un moment à l’autre.

Or, les excitants dont on a eu jusqu’ici l’idée de se servir n’ont jamais réuni les deux qualités essentielles que nous venons de signaler ; la montre n’en a qu’une, la constance dans l’intensité ; la parole n’en a qu’une, c’est d’être une parole, par conséquent d’être le son