Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
COMMENTAIRE HISTORIQUE

P. 50, l. 26. — de ses Œuvres. Ces autres pièces de Ronsard éditées pour la première fois en 1587 étaient : aux Amours, deux sonnets pour Hélène : « Vous ruisseaux, vous rochers… », et : « Est-ce tant que la mort » (Bl., I, 364-65) ; aux Sonnets à diverses personnes : « Vous estes desja vieille… », et : « Que je serois marry… » (Id., V, 365) ; aux Gayetez, le sonnet : « Madeleine, ostez moi ce nom de l’Aubespine… » (Ibid., 338) ; aux Mascarades, la dédicace à Henri de Lorraine, et les deux pièces : « Pegase fit du pied… » et : « Qui est ce livre… » (Id., IV, 121 ; VI, 414 et 415) ; aux Elegies, la pièce : « Del Bene, second Cygne… » (Id., IV, 356) ; aux Epitaphes, celle du Président de St-André (Id., VII, 231). — En outre, les deux Odes saphiques étaient précédées d’un avis en prose (Bl., II. 370), et le dialogue des Muses deslogées était allongé d’une apostrophe finale de huit vers à Henri III (Id., III, 310).

Quant à la pièce de 100 vers qui était insérée en 1587 vers la fin des Poëmes avec ce titre : A une grande dame, et ce début :« Lorsque j’oy dire à ceux qui vous cognoissent… », il faut se garder de la prendre pour une œuvre encore inédite. Ce n’était en effet qu’un fragment détaché d’une longue épître adressée en 1565 à la reine d’Angleterre Elisabeth : « Mon cœur esmeu de merveille se serre… », et publiée alors en tête des Elegies, Mascarades et Bergerie. Ce fragment comprenait les vers 13 à 113 de la dite épître. Blanchemain s’est donc trompé en affirmant (III, 326. note 1) que ces vers ne figurent pas dans les éditions posthumes : supprimés en 1584, ils ont été réédités en 1587 sous ce titre déroutant : A une grande dame, au 2e livre des Poëmes, tandis que l’épître dont ils faisaient primitivement partie figurait au Bocage Royal.

P. 50, l. 29. — inviolable. C’est la seconde fois que Binet nous déclare avoir été l’exécuteur testamentaire de Ronsard en ce qui concerne la réimpression de ses œuvres (v. ci-dessus, pp. 40, ligne 29, et 41, ligne 1. Cf. l’extrait du privilège royal qui est en tête de l’édition collective de 1587 : « Par grace et privilege du Roy il est permis à M. Jean Galandius, Principal du College de Boncourt, de choisir et elire tel libraire que bon lui semblera pour imprimer ou faire imprimer Les Œuvres de P. de Ronsard gentilhomme Vandomois, reveues, corrigées et augmentées par l’Autheur peu avant son trespas et mises en leur ordre suyvant ses memoires et copies, le tout redigé en dix Tomes… » (daté du 14 mars 1586).

D’après ces lignes et la déclaration de Binet, c’est cette première édition posthume qui devait être l’édition ne varietur. Toutefois les deux éditions parisiennes qui l’ont suivie (1597 et 1604) présentent des remaniements de quelque importance, qui montrent que l’édition de 1587 n’était pas définitive et « inviolable »[1]. C’est Binet et Galland

  1. Par ex. en 1597 les Sonnets à diverses personnes et les Gayetez passent de la fin du tome I à la fin du tome VIII ; ce tome VIII est diminué d’un fragment qui passe dans la Vie de Ronsard, et augmenté du poème des Nues ; enfin un sonnet qui se trouvait auparavant parmi les épigr. tirées du grec prend place à la fin des Sonnets à diverses personnes. En 1604, les remaniements sont plus nombreux : on y constate notamment de nouveaux déplacements et des additions.