Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
COMMENTAIRE HISTORIQUE

des obsèques de Ronsard. C’est Binet lui-même qui parle sous le nom du « pescheur » Claudin :

......Ah ! il faut que je laisse
Les mestiers qu’il m’apprit, deduit de ma jeunesse,
La pesche industrieuse........
Car c’est luy qui premier m’apprit à fredonner
De la conque aux replis, fascheux à entonner,
Qu’un jour il me donna me disant : « Je te donne
Ce present, mon Claudin : jamais autre personne
Ne l’emboucha que moy. Les peuples escaillez
Quelque jour à tes chants se rendront oreillez. »
(Bl., VIII, 230.)

Ronsard avait ainsi accueilli et encouragé des poètes tels que J. Grevin vers 1558 ; Fl. Chrestien dans l’été de 1563 (cf. Bl.. VII. 141) : A. d’Aubigné en 1570 (cf. ses Lettres, éd. Réaume, tome I, p. 457, et la préf. des Tragiques, tome IV, p. 6) ; J.-A. de Thou vers la même époque (cf. ci-dessus, Introd., § II) ; Pierre le Loyer avant 1575 (cf. dans l’Erotopegnie et dans les Œuvres et Meslanges poët. un sonnet et une ode A Ronsard) ; Du Perron (Or. fun. de Ronsard, éd. princeps, p. 8, où il dit que Ronsard lui a servi dans la poésie de « pere » et de « précepteur ») ; Bertaut (Elegie du Tombeau de Ronsard, Bl., VIII, 264).

« Ronsard dans la vie privée, dit Sainte-Beuve, était le plus doux et le plus modeste des hommes.... Etranger à toute idée d’envie, il protégeait les jeunes poètes et combla d’encouragements Desportes et Bertaut. L’un des préceptes de son Art poétique est celui-ci : « Tu converseras doucement et honnestement avec les poëtes de ton temps, tu honoreras les plus vieux comme tes peres, tes pareils comme tes freres, les moindres comme tes enfans, et leur communiqueras tes escris. » (Tableau de la p. au XVIe s., éd. courante Charpentier, p. 77, note 2.)

P. 50, l. 18. — et le docte du Perron. Sur cette Académie, voir le livre très documenté d’E. Frémy, notamment le chapitre iii sur Guy du Faur de Pibrac, « réformateur de l’Académie » ; le cap. iv, sur Henri III, « protecteur de l’Académie » ; le chap. v, sur les « Académiciens et Académiciennes ». On trouvera le passage de Binet cité à la page 143 et rapproché des témoignages de d’Aubigné, Est. Pasquier, Ch. Sorel et G. Colletet.

P. 50, l. 20. — selon son intention. Ce discours en prose a paru en tête de la Franciade dans l’éd. de 1587 pour la première fois (Bl., III, 15 ; M.-L., III, 520). C’est comme une troisième préface de la Franciade, dont la première (1572) a été reproduite par Bl. et par M.-L., et la seconde (Paris, 1573, et Turin, 1574) n’a revu le jour qu’au mois de mars 1904 (Annales Fléchoises, art. de L. Froger ; cf. Rev. d’Hist. litt. de 1904, p. 456, note 2).

À première vue, il semble y avoir contradiction entre cette déclaration très nette de B et les deux passages où Binet affirme avec non moins de netteté qu’il a exécuté fidèlement et strictement les dernières volontés de Ronsard touchant la revision de ses Œuvres. Mais, à y regarder de près, la contradiction n’existe pas. Binet semble dire au con-