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COMMENTAIRE HISTORIQUE

première fois, chacune par ses deux premiers vers, dans la plaquette parue chez G. Buon en 1575 sous ce titre : Les Estoilles... et Deux responses à deux Elegies envoyees par le feu roy Charles à Ronsard. C’est en 1584 seulement qu’elles parurent en entier. — Il existe une troisième pièce du roi à Ronsard, qui contient de très beaux vers et qu’on cite partout ; mais elle a paru pour la première fois en 1652 dans l’Hist. de France de Jean Royer et ne semble pas authentique (cf. Marty-Lav., III, 543, et Notice sur Ronsard, xlix).

Binet fait allusion — cela est évident par l’addition de C — à ces vers de la première pièce :

Donc ne t’amuse plus à faire ton mesnage,
Maintenant n’est plus temps de faire jardinage :
Il faut suivre ton Roy qui t’aime par-sus tous
Pour les vers qui de toy coulent braves et dous :
Et croy si tu ne viens me trouver à Amboise,
Qu’entre nous adviendra une bien grande noise.

P. 26, l. 15. — reprendre en luy. Cf. ces vers des Estrennes au Roy Henry III écrites en décembre 1574 :

...... je seray satyrique,
Disoy-je à vostre frere, à Charles mon seigneur,
Charles qui fut mon tout, mon bien et mon honneur.
Ce bon Prince en m’oyant se prenoit à sourire,
Me prioit, m’enhortoit, me commandoit d’escrire,
D’estre tout satyrique instamment me pressoit
(Bl., III, 286.)

P. 26, l. 22. — en cela Petrarque. Binet a voulu dire, je crois, que Ronsard, au lieu d’intituler les poésies inspirées par Hélène : le Troisieme livre des Amours, ou bien : les Amours d’Helene, les a intitulées Sonnets pour Helene (on lit aussi en 1584 à la fin de ces poésies Sonnets d’Helene), à l’exemple de Pétrarque, dont le Canzoniere avait pour titre (du moins dans les éd. du xvie siècle) : Sonetti e Canzoni in vita e in morte di Madonna Laura. À moins que les mots « imitant en cela Petrarque » ne retombent sur la fin de la phrase précédente, ce qui est encore très possible, malgré la ponctuation.

P. 26, l. 29. — en la loüant. Ceci n’est pas tout à fait exact. Ronsard cessa de chanter Hélène de Surgères en 1575 au plus tard, alors qu’il n’avait encore que cinquante ans. Il dit lui-même, dans l’avant-dernier des Sonnets pour Helene, que ses « dix lustres passez lui sonnent la retraite ». Presque toutes les pièces inspirées par Hélène ont paru dans l’éd. collective de 1578, alors que Ronsard avait encore huit ans à vivre. Seule une élégie publiée en 1584 et un sonnet publié en 1587 sembleraient donner raison à Binet (Bl., I, 362 et 364 : « Vous ruisseaux... »). D’ailleurs Colletet nous apprend que Ronsard ne cessa pas d’entretenir avec Hélène d’amicales relations : « J’ay encore par devers moy, dit-il, quelques lettres escrittes de sa main peu de temps avant sa mort, par lesquelles il supplie son cher amy Galandius de presenter ses humbles baisemains à Mlle de Surgères, et mesme de la supplier d’employer sa faveur envers le thresorier regnant pour le faire payer de quelque année de sa pension. » (Vie de Ronsard, édit. citée, p. 67.)