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COMMENTAIRE HISTORIQUE

derniers mois de 1558, et imprimé seulement vers le 1er avril 1559.

Bien que l’éd. princeps de cet Hymne ne contienne pas ladite épître latine, c’est la lecture de cet Hymne qu’elle recommande au cardinal. Il suffit pour s’en convaincre de lire de suite les deux pièces, celle de Ronsard, puis celle de L’Hospital, en ayant soin de préciser et de dater les événements historiques auxquels il est fait allusion dans l’une et dans l’autre. Ces vers notamment ne laissent aucun doute ni sur la date de la composition de l’épître, ni sur l’œuvre de Ronsard que vante L’Hospital :

Jamque tui dotes animi quam sedulus omnes
Exequitur, quaeque hoc bis senos Rege per annos
Gesseris, incipiens a primo flore juventae,
Ut nunc implicitum bellis, quae maxima nostrum
Circumstant Regem...
(et ce qui suit).


Cette épître latine a été publiée pour la première fois dans l’éd. collective de 1560 au premier livre des Hymnes, où elle précède l’Hymne de la Justice de 1555 (avec lequel elle n’a aucun rapport), l’Hymne des Daimons de 1555 (avec lequel elle n’a aucun rapport), l’Hymne du Cardinal de Lorraine (avec lequel elle a un rapport étroit). Elle a conservé cette place dans toutes les éd. collectives jusqu’en 1584 inclus. C’est seulement à partir de la première édition posthume qu’on la trouve placée où elle doit être, immédiatement avant l’Hymne du Cardinal de Lorraine.

Binet a évidemment cru, lors de sa première rédaction, que L’Hospital avait composé l’Epistola à l’occasion de la querelle Saint-Gelais-Ronsard, puisqu’il en parle comme d’une œuvre parallèle à l’Elegia, et que les mots « En recompense dequoy... » retombent à la fois sur les deux pièces latines de L’Hospital. Cette première rédaction dénote donc une grande ignorance ou négligence de la chronologie. Mais Binet fit disparaître la confusion en B, s’étant rendu compte que l’Epistola (désormais rapprochée de l’Hymne du Card. de Lorraine dans l’éd. posthume des œuvres de Ronsard) n’avait pu être écrite que 12 ans après l’avènement de Henri II au trône, c’est-à-dire à la fin de 1558 au plus tôt, et que d’ailleurs elle ne faisait aucune allusion à la fameuse querelle. Colletet, interprétant mal Binet, a faussement rattaché cette Epistola à la querelle Saint-Gelais-Ronsard (Vie de Rons. éditée par Bl., p. 39). Marty-Laveaux a commis la même erreur, et encore une autre en citant à propos de cette querelle des vers qui n’ont aucun rapport avec elle, extraits d’une Epître de Ronsard au Cardinal de Lorraine, publiée parmi les Hymnes de 1556 (Notice sur Ronsard, p. xxxiii).

P. 21, l. 8. — de l’Ignorance. Epode xx de l’ode pindarique A Michel de L’Hospital, publiée en septembre 1552, mais composée dès 1550 (v. ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 79 à 82).

On a vu dans la note précédente que les mots : « En recompense dequoy », qui en A s’appliquent aux deux pièces latines de L’Hospital (l’Elegia et l’Epistola) ne retombent plus en BC que sur l’Elegia. Mlle Evers a essayé de montrer que Binet s’était trompé même dans ses deux dernières rédactions, et que l’ode A Michel de L’Hospital ne fut