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COMMENTAIRE HISTORIQUE

son surnom. Il est très vraisemblable qu’un grand pin existait tout près de l’hôtellerie tenue par ses parents (cf. le Commentaire de Belleau, Bl., I, 220, note 1), et que cette hôtellerie avait pour enseigne : « Au Pin de Bourgueil ». D’où l’appellation populaire de Marie du Pin, si conforme aux usages des campagnards, qui distinguent par le nom de l’auberge ou du hameau qu’elles habitent les différentes personnes portant le même prénom. C’est seulement ainsi que peut s’expliquer l’addition de Binet en C : « ... laquelle il entend souvent sous le nom du Pin de Bourgueil, parce que c’est le lieu où elle demeuroit et où il la vit premierement... ».

P. 19, l. 16. — ses Amours. Le Commentaire de Muret parut dans la seconde édition des Amours en mai 1553 (v. ma Chronol. des poés. de R. dans la Rev. d’Hist. litt. de 1905, pp. 247 et suiv.). Il fut reproduit dans toutes les éd. suivantes, mais avec des additions qui ne sont pas et ne peuvent pas être de Muret, quoiqu’elles aient été imprimées sous son nom. On sait que Muret, forcé de quitter la France en 1554, résida en Italie jusqu’à sa mort, sauf deux ans qu’il passa en France (1561-63). En outre, certains sonnets, rangés en 1560 dans le 2e livre des Amours, et par conséquent annotés par Belleau, passèrent en 1578 dans le 1er livre, avec leurs notes sous la signature de Muret. Enfin les Stances Quand au temple nous serons, rangées parmi les Odes jusqu’en 1578 inclus, puis dans le 1er livre des Amours en 1584, n’ont été accompagnées que dans la première éd. posthume de cette note de Muret : « Cette chanson n’appartient en rien à Cassandre », alors que Muret était mort à Rome depuis plus de dix-huit mois. — Il y a donc une question de l’authenticité d’une partie du Commentaire de Muret.

Le Commentaire de Belleau, relatif à la première partie du 2e livre des Amours, parut dans la première édition collective (1560), précédé d’un sonnet de Guill. des Autels, dont voici la fin :

Ainsi toy qui n’es pas seulement interprete,
Mais as ja le front ceint de l’honneur du poëte,
Tu peus ouvrir, Belleau, du grand Ronsard le style.
Je voudrois qu’Hesiode époinct d’un tel souci
Eust illustré les vers de son Homere ainsi.
Et qu’Horace en eust fait autant de son Virgile.


Ce Commentaire fut reproduit dans toutes les éditions suivantes, mais, à partir de 1578, avec des additions et des variantes contradictoires qui ne peuvent pas être de Belleau, mort d’ailleurs dans les premiers jours de mars 1577 ; sans compter que des notes signées jusque-là par Belleau passèrent sous le nom de Muret au bas de pièces transportées dans le premier livre des Amours. — Il y a donc une question de l’authenticité de quelques-uns des Commentaires de Belleau, notamment de ceux qui accompagnent à partir de 1578 les sonnets à Sinope.

La deuxième partie du 2e livre des Amours, celle qui est relative à la mort de Marie, a été commentée par Nicolas Richelet. Ce Commentaire, composé dès 1592 (d’après la dédicace), parut dans l’édition de 1597 ; il est donc étonnant que Binet n’en ait pas parlé dans sa troisième rédaction, d’autant plus qu’ils ont été en relations, nous le savons par Richelet lui même (v. ci-après, aux mots « en la loüant ».)