Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
ET CRITIQUE

P. 3, l. 5. — de l’Ordre. Sur ce personnage, voir A. de Rochambeau, Famille de Ronsart, 1868, éd. elzévirienne, pp. 22-33 ; Louis Froger, Nouv. Rech. sur la famille de Ronsard dans la Revue histor. et arch. du Maine, 1884, 1er semestre, pp. 102 et suiv. ; et ma Jeunesse de Ronsard dans la Rev. de la Renaissance, 1901, pp. 99 et suiv. — Il est surtout connu par son protégé, le rhétoriqueur poitevin J. Bouchet (Epître liminaire des Triumphes de la noble et amoureuse dame, reproduite par Marty-Lav., Notice sur Ronsard, cx ; Epitres familieres, 96, 97, 126 de l’éd. de 1545 ; Epitaphe de Loys de Roussart, reproduite par Blanchemain, au tome VIII, p. 13, de son édition de Ronsard). — Il fut fait chevalier de l’ordre de Saint-Michel par Louis XII, car il a ce titre dès 1504 (Rochambeau. op. cit., p. 23). D’après Bouchet (Epître limin. des Triumphes), il l’aurait reçu en récompense des services rendus à la prise de Milan et d’Alexandrie, lorsque Ludov. Sforza fut fait prisonnier, c’est-à-dire en 1500.

P. 3, l. 6. — du Roy. Il s’agit non pas de François Ier comme l’a écrit Binet en 1597, mais de celui de ses fils qui devint roi sous le nom de Henri II. Il suffit, pour s’en convaincre, de se reporter à l’Elégie autobiographique dont Binet s’est servi en 1586. Voici ce qu’écrivait Ronsard dans cette Elégie à la date de 1554 et ce qu’on lisait encore dans l’in-folio de 1584, consulté par Binet :

Mon pere fut toujours en son vivant icy
Maistre d’hostel du Roy et le suivit aussy
Tant qu’il fut prisonnier pour son pere en Espagne.


Ce roi qui « fut prisonnier pour son pere en Espagne », et que L. de Ronsart suivit durant sa captivité, ne peut être un autre que Henri II ; seulement, lorsqu’il remplaça son père dans les prisons d’Espagne, de 1526 à 1530, il n’était encore que le tout jeune prince Henri, duc d’Orléans. Ronsard a voulu dire en 1554 : « Mon père fut maître d’hôtel du prince qui est aujourd’hui notre roi. » (Notons qu’il s’adressait alors à Paschal, « historiographe du Roy ».) Après la mort de Henri II, il aurait dû changer son texte pour éviter toute équivoque ; il ne s’en avisa que pour l’édition posthume (1587), dont voici la variante :

Mon pere de Henry gouverna la maison,
Fils du grand Roy François, quand il fut en prison
Servant de seur ostage à son pere en Espagne.


Du Perron a bien vu, même avant l’apparition de cette variante, que le roi dont parle Ronsard dans les éd. publiées de son vivant est Henri II et non François Ier ; mais il eut tort de croire que L. de Ronsart « fut maistre d’hostel du Roy Henry second à son avènement à la couronne ». (Or. fun., tous les textes, 1586-1618.)

Non, L. de Ronsart ne fut « maistre d’hostel » que des deux fils aînés de François Ier, le dauphin François et le duc Henri d’Orléans. Bouchet le dit expressément à deux reprises (Epître limin des Triumphes, et Epitaphe de L. de R.). D’après un document retrouvé par A. Dupré et cité par Rochambeau (op. cit., p. 24), il était « maistre d’hostel des princes » dès mars 1522. D’après un autre document publié par M. Lhuillier dans le Bulletin histor. et philol. du comité des travaux