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connaître. Je trouve, en analysant deux ou trois séries prises en novembre 1900 :

Nombre de souvenirs, 50 ;

Nombre d’objets présents, 14 ;

Nombre d’objets appartenant à sa personne, 6 ;

Nombre d’objets vagues (sans détermination d’individualité), 7 ;

Nombre de représentations inconscientes, 3;

Nombre de représentations fictives, 1 ;

Ce sont donc, chez Marguerite, les souvenirs qui dominent. Ces souvenirs sont de plusieurs sortes ; il en est un petit nombre qui proviennent de lectures, de gravures, de chansons, j’en compte 7 ; pour les autres, ils concernent soit des lieux, soit des personnes, soit des événements connus de moi, et ils peuvent être facilement datés. Je les divise en 3 groupes pour la commodité de la comparaison avec l’idéation d’Armande ; les souvenirs récents, qui ne remontent pas plus loin que le 20 octobre, date de notre retour à M…, notre séjour d’hiver ; il y a 24 souvenirs de ce groupe ; les souvenirs concernant notre séjour à S…, qui a eu lieu du 20 juillet au 20 octobre ; il y a 12 souvenirs de ce groupe ; enfin, les souvenirs anciens, antérieurs au 20 juillet ; ce dernier groupe, le plus pauvre de tous, ne compte que S souvenirs. Cela confirme une remarque que nous avons déjà faite précédemment : Marguerite évoque plus souvent des souvenirs récents ; elle ne perd pas pied dans le passé. Ainsi, lorsque j’ai fait mes premières expériences sur la recherche des mots, nous étions à S…, et les souvenirs relatifs à ce séjour d’été arrivaient en foule ; maintenant, voici l’hiver ; au moment où j’expérimente, nous sommes de retour à M… ; ce sont les idées relatives à M… qui prédominent, les souvenirs récents, ceux d’aujourd’hui, d’hier, ceux qui sont comme en continuité avec le milieu présent et constituent le passé immédiat. Je cite à l’appui un fait