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CHAPITRE IV

Comment la pensée se développe.


Nous allons étudier les associations d’idées de nos deux sujets au moyen de ce test qui consiste à écrire une série de 20 mots. Je crois que ce test est très favorable à l’analyse des associations d’idées, peut-être même plus favorable que la procédure qu’on emploie habituellement ; dans cette procédure, qui consiste à dire un mot, et à demander au sujet de répondre par un autre mot, on ne provoque qu’une seule association à la fois, c’est une association isolée, unique, tandis qu’avec le test des 20 mots on provoque le développement d’une vingtaine d’associations qui font la chaîne. C’est un avantage très grand, car, dans l’expérience de 20 mots, on se rapproche plus des conditions naturelles que dans la provocation d’une association isolée. Lorsque notre pensée se développe naturellement, elle suit un cours, il y a un grand nombre d’idées qui se succèdent, courant derrière les unes les autres comme une foule. Or, la succession immédiate de deux idées ne donne pas nécessairement une notion exacte de ce cours d’idées ; il est possible que ce cours soit soumis à un certain rythme qui ne se manifeste pas entre deux idées, mais qui s’étend sur un grand nombre d’idées. Ce n’est pas une hypothèse gratuite. Nous allons voir dans un instant qu’en étudiant le cours de la pensée dans la série de 20 mots on trouve des répartitions de mots qui ne s’expliquent pas tout simplement par l’association des idées, et que le procédé