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priori. Quand je fis mes premières interrogations, je n’avais aucune idée préconçue sur les catégories de mots à établir, et je ne me rappelais pas les classifications proposées par les autres auteurs ; j’ai fait la mienne, d’après les documents recueillis, elle est adaptée à ces documents, elle en émane, et, malgré la part d’interprétation personnelle qu’elle contient, je crois bien qu’elle est en étroite relation avec les faits. Un autre avantage de cette classification est qu’elle a eu pour but de bien mettre en lumière les différences d’idéation des deux sœurs ; et ce but, je crois l’avoir atteint.

Voici donc comment je divise les mots écrits par mes sujets :

1o Mots inexpliqués ;

2o Mots désignant des objets présents ;

3o Mots désignant la personne elle-même ;

4o Souvenirs ;

5o Abstractions ;

6o Imagination.


1o Mots inexpliqués

Le premier groupe est formé par des mots sur lesquels le sujet, quand on l’interroge, ne peut donner que des renseignements extrêmement vagues. Ce groupe est surtout un caput mortuum dans lequel je jette un grand nombre de cas mal définis. On peut, pour la clarté de l’exposition, établir des sous-divisions dans ce groupe : 1o les mots pour lesquels le sujet ne peut donner aucune espèce de renseignement, car il ignore dans quelles conditions il les a écrits. La fillette emploie le plus souvent les expressions « je ne sais trop dire — je ne sais pas du tout — j’ai complètement oublié, etc. » Le cas typique est celui où l’on a même oublié qu’on a écrit le mot, ce cas se présente quelquefois pour Armande et aussi pour Marguerite ; 2o les