Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Interrogatoire d’Armande. — « D. Comment fais-tu pour apprécier la longueur du mouvement ? ― R. Je remarque bien le mouvement de déplacement avec le bras qui est appuyé sur la table, et je remarque de combien je le remue. Je fais comme s’il existait à la 3e  fois l’arrêt qui m’empêchait d’aller plus loin, et je tâche de retrouver les mêmes impressions que la 1re  fois, de penser aux mêmes choses, que tout ce que je me dis ait la même durée, à peu près. J’ai toujours une tendance à faire plus petit, j’ai toujours l’idée de m’arrêter plus près et c’est toujours par raisonnement que je me dis qu’il faut aller plus loin. Même quand je fais le parcours avec l’arrêt, je me représente le chemin plus petit qu’il n’est en réalité, et je m’en aperçois en le faisant la seconde fois. ― Cette fois, je l’ai fait plus grand qu’il n’est marqué par l’arrêt, j’ai dépassé l’arrêt. ― Le parcours avec l’arrêt m’a paru plus petit. ― D. T’es-tu représenté la règle et la longueur, les yeux fermés ? ― R. Non, je ne me la suis pas représentée. Je me suis représenté le parcours tout simplement. Je me le suis représenté comme sensation, par ce que je sentais sous le doigt. Je ne pourrais pas, même en regardant le centimètre, voir avec les yeux à quel point je devais m’arrêter. ― D. Devine un peu. ― R. Non, vraiment, je ne pourrais pas, 12 ou 13 peut-être. Le parcours, je le divise en 2 parties : d’abord, la première partie, qui est la plus longue, et pour laquelle je n’hésite pas, parce que je suis sûre de la parcourir, je suis sûre qu’elle est contenue dans le parcours indiqué par l’arrêt, tandis que l’autre partie est celle qui approche de la fin : elle est plus difficile que l’autre, parce que je ne sais pas s’il faut la faire longue ou courte. ― D. Tu ne t’es pas représenté la couleur de la règle ? ― R. Oh ! pas du tout, c’est comme un chemin que l’on parcourt les yeux fermés. Je sépare le parcours en deux parties parce que je veux refaire les mêmes choses que lorsque l’arrêt y est. Or, lorsque l’arrêt est posé à la fin du par-