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recherche est une de celles qui ont peut-être le plus promis et le moins donné. Le nombre est immense des travaux qui ont été faits, surtout en Allemagne, sur les temps de réaction, et s’il fallait résumer la conclusion obtenue avec cet effort collectif et considérable, on la ferait tenir en quelques lignes. Cependant, je crois que tout n’a pas encore été dit sur cette question. Si on reprend l’étude des temps de réaction en les renouvelant par beaucoup d’introspection, peut-être y trouvera-t-on quelques faits intéressants. Je crois aussi, et j’espère démontrer dans les pages suivantes, que les temps de réaction sont utiles pour la psychologie individuelle, si on les met en relation avec le caractère mental des personnes servant de sujets. Du reste, presque toutes les expériences de psychologie pourront et devront être reprises un jour, au point de vue de la psychologie individuelle.

Les expériences sur les deux enfants ont eu lieu toutes dans mon cabinet, soit le matin, soit l’après-midi, et toujours à des heures où le milieu extérieur était silencieux ; les bruits venant du dehors — de la rue, du chemin de fer voisin, ou de la maison même — était insignifiants, et n’ont point gêné mes sujets, qui, du reste, y étaient habitués. Je décrirai très brièvement ma technique, c’est celle dont je me sers depuis plusieurs années. Mes sujets sont assis, les yeux fermés. Ils sont complètement novices, n’ayant jamais donné de temps de réaction. Je me sers du chronomètre de d’Arsonval, remonté à fond après 20 réactions. Je fais des excitations tactiles avec le marteau sur la face dorsale de la main gauche, appuyée sur la table. La réaction se fait en abandonnant avec le doigt le bouton de l’interrupteur d’Evald ; le sujet, en attendant la sensation de contact sur la main gauche, appuie l’index droit sur le bouton ; son poignet et son bras étaient d’abord, dans les premiers essais, appuyés sur la table, puis ils ont été relevés ; une pression de 300 gr. exercée par le doigt sur