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dente, elle montre qu’il existe chez Marguerite un plus grand pouvoir d’attention que chez sa sœur.

Dans une variante d’expérience, que j’ai déjà signalée dans mon travail sur l’attention, le sujet copie des chiffres ou des mots, et on compte le nombre d’éléments contenus dans chaque acte de copie ; c’est encore un moyen d’explorer la mémoire, à condition qu’on prenne des précautions pour que le sujet ne puisse pas voir le modèle au moment où il reproduit par l’écriture ce qu’il a regardé.

Pour copier 28 chiffres, Armande a fait 9 actes de copie et Marguerite 6 ; pour copier les 14 premières lignes du livre de Mosso sur la Fatigue (traduction française), Armande a fait 23 actes de copie et Marguerite 16. À la vérité, les deux enfants m’ont dit ensuite qu’elles s’étaient douté que je cherchais à mesurer leur mémoire ; aussi ne copiaient-elles pas naturellement, chacune faisait un effort pour copier le plus grand nombre de mots ou de chiffres à la fois ; de là quelques erreurs, qu’elles ont ensuite réparées par des actes de vérification que je compte comme autant d’actes de copie. Mais l’inégalité des deux sœurs reste toujours très grande.

Un autre test d’attention, qui fait aussi intervenir, au moins en partie, la mémoire, consiste dans la copie d’un dessin vu pendant un instant très court à travers un obturateur, ayant 4cm de diamètre et découvrant pendant 7 centièmes de secondes. J’ai fait voir divers dessins, par exemple : une grecque. Il a toujours fallu à Armande un plus grand nombre de perceptions qu’à Marguerite pour arriver à une reproduction correcte du dessin.

III

temps de réaction

C’est avec un peu de mélancolie qu’un psychologue s’occupe aujourd’hui des temps de réaction ; car cette