Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’épreuve sur les mots, très attachée au monde extérieur, à la réalité tangible ; esprit d’observation et mémoire, voilà ce qui domine sa psychologie dans la composition des dix phrases.

Je vais du reste en analyser quelques-unes.

Première phrase écrite par Marguerite. — P… nous avait permis hier d’aller chercher ce matin un porte-plume à la ville, à bicyclette, mais je n’ose plus redemander la permission, A… et moi nous sommes bien ennuyées.

Cette phrase contient deux parties : d’abord le souvenir exact d’un fait récent, puis la constatation d’un état d’esprit actuel. Il s’agit de faits réels, journaliers, et le tout a une forme pratique.

2e  phrase. — Gyp a très bien aboyé hier au soir, lorsque A… frappait aux volets, nous sommes dans l’espérance qu’il deviendra un bon chien de garde.

Cette seconde phrase est le rappel d’un fait de la veille. On vient d’acheter un chien, et on a frappé le soir aux volets de la pièce où il est enfermé pour savoir s’il aboierait au bruit. Encore un fait de la vie réelle, qui est exposé avec simplicité. La troisième phrase est du même genre ; je ne la publie pas parce qu’elle contient des faits personnels d’un intérêt médiocre, et qu’il serait trop long d’expliquer. Je transcris les phrases 4, 5, 6, 8, 9, 10.

Ce matin, P… m’a dit de venir immédiatement après mon petit déjeuner pour faire des expériences.

Je me demande qu’est-ce que me dira P… lorsqu’il aura lu ma première phrase.

Comme cette pauvre Armande doit s’ennuyer en m’attendant pour aller à bécane !

L’autre jour nous sommes allées avec M… chercher des rouleaux neufs chez P….

Nous allons aller déjeuner avec P… chez Bonne-Maman, et nous espérons aller après à l’Exposition.

P… m’a promis que c’était là, la dernière phrase, seulement