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Pensée dont l’objet est un ensemble.

Voici une catégorie importante de pensées auxquelles je crois qu’on peut appliquer le qualificatif de générales, parce qu’elles portent sur un ensemble. Je n’en ai jamais rencontré de cette espèce chez Marguerite ; Armande en a fourni plusieurs exemples dans son test sur les 20 mots ; elle m’a en outre appris que dans ses rêveries il lui vient beaucoup de pensées analogues. Elle pense, ai-je dit, à tout un ensemble ; par exemple l’ensemble de la journée, l’ensemble d’un hiver passé à Meudon ; ou le temps écoulé depuis telle époque ; elle a une fois aussi pensé à l’ensemble du règne de Napoléon Ier. J’ai malheureusement négligé de lui demander quelles sont les représentations qui lui viennent pendant qu’elle a ces pensées. Il est probable que ce sont des représentations très vagues. Je crois que dans ce cas nous avons un type excellent de pensée générale ; elle l’est d’intention, elle l’est par la direction même de la pensée, puisqu’au lieu de s’arrêter à un détail on contemple un ensemble. Mais il est juste d’ajouter que cette pensée ne se conforme pas d’une manière précise à la définition de l’idée générale, qui suppose une multiplicité d’éléments identiques.


CONCLUSIONS ET HYPOTHÈSES


En cherchant à adapter les faits qui précèdent à une théorie quelconque, on arrive à des conclusions qui sont en faveur de l’éclectisme. En effet, si nous mettons à part les images génériques de Galton-Huxley, sur l’existence desquelles il faut conserver des doutes, nous rencontrons chez nos sujets de quoi donner raison à tous les systèmes psychologiques qui ont été imaginés et soutenus : le nominalisme sous sa forme la plus tranchée, moyen-âgeuse,